Patan, la Cité de la beauté
Une place immense s’ouvre devant moi, encombrée d’édifices à l’architecture d’une surprenante hétérogénéité : temples-pagodes à profusion, monastères, palais somptueux, demeures richement décorées.
D’un simple coup d’œil, on imagine aisément ce que pouvait être une ville du Moyen-âge. Patan, la ville aux mille toits dorés – surnommée ainsi en raison de sa pléthore de temples – fait une entrée en scène remarquée et remarquable.
Ce que j’avais lu est parfaitement exact. La cité est un véritable musée en plein air.
La Marche Céleste, de Stéphane King-Le Peillet
Dans le district de Lalitpur, à 6 km au sud de Katmandou au Népal, se trouve Patan. La cité antique, qui aurait été fondée par l’Empereur Ashoka, de la dynastie indienne des Maurya, fut le grand centre d’enseignement du bouddhisme. Patan est la plus ancienne ville bouddhique d’Asie. En effet, sa création remonterait au IIIe siècle avant notre ère. Patan est entourée de quatre stūpas (reliquaires) érigés aux quatre points cardinaux. L’un d’eux aurait par ailleurs été érigé par Ashoka lui-même. Patan est une cité royale, et on le sent quand on la visite. Ville d’arts et de temples, on vous emmène y faire un tour. Alors préparez-vous à une balade époustouflante.
Une cité légendaire
Selon la légende, c’est l’Empereur Ashoka, qui aurait fondé Patan, au IIIe siècle avant notre ère. Ashoka (né aux alentours de -304 av J-C. mort en -232) est un empereur particulier. En effet, après la conquête sanglante du Kalinga (261 avant notre ère), il se tourne vers l’ahmisa, c’est à dire les préceptes non-violents du bouddhisme. Il devient alors un souverain pacifique, interdit les sacrifices, promeut le végétarisme et encourage la diffusion du bouddhisme dans toute l’Asie.
Mais d’autres sources considèrent que ce n’est pas Ashoka, le fondateur de la cité. Si le monarque l’aurait choisie pour y élever un stūpa, c’est selon d’autres la dynastie Kirat qui fonda la cité. La ville fut ensuite contrôlée par les Licchavis avant le règne des Malla dont on trouve le palais royal à Durbar Square.
Comme toutes les cités d’envergure, Patan est le berceau de légendes nombreuses. Ainsi, l’une d’elles raconte qu’un agriculteur de la région, nommé Lalit, a invité et porté le dieu Rato Macchindranath depuis l’Assam en Inde. Ceci, afin de mettre un terme à une terrible sécheresse. Pour récompenser son exploit, le dieu aurait fait tomber la pluie dans la vallée. La ville, également connue sous le nom de Lalitpur aurait été nommée en hommage à ce courageux agriculteur. Patan est une ville mythique, jusque dans sa fondation…
Patan, la ville des temples
Parce que de nombreux temples parsèment la ville, on surnomme Patan la Ville aux mille toits dorés. Ces nombreux édifices témoignent de l’importance spirituelle de cette cité. En effet, celle-ci était le centre d’enseignement du bouddhisme. Mais l’hindouisme y est également important. Ainsi, les temples dédiés à Krishna côtoient les monastères bouddhistes. La ville prend alors des proportions monumentales, avec ces nombreux édifices comme figés dans le temps.
Il serait difficile de lister tous les temples de la ville, tant ils sont nombreux. Mais vous pourrez, si vous avez la chance de vous rendre à Patan, en admirer. Citons par exemple le temple bouddhiste Minna ou le monastère Hiranyavarma Vihâra, dédiés au boddhisatva Avalokiteshrava. On peut également évoquer le Machchendranâth, temple dédié à Indra datant de 1408, ou encore le temple de Kumbeshvar dédié à Shiva, et érigé en 1392.
Les temples de Patan font la renommée de la ville. Et c’est peu étonnant, quand on voit les merveilles qu’ils constituent. Le Temple d’Or, celui de Bimhsen… La ville est chargée d’Histoire, et constitue en soi un véritable trésor. Avec ses allures de décor de cinéma, Patan fait partie de ces lieux dans lesquels on ne peut que vouloir se perdre.
Durbar Square, le centre du centre…
S’il y a bien un lieu incontournable, à Patan, c’est Durbar Square (ou place du Darbâr). Entre enchevêtrement de ruelles médiévales et temples, Durbar Square abrite de nombreux édifices classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’un véritable musée à ciel ouvert. Ce centre-ville a la forme d’une conque, symbole de Vishnou. On y trouve notamment la statue du rajâ Yoga Narendra Malla, le somptueux palais royal et l’époustouflant bassin du roi.
Le Musée de Patan, ancien palais des rois Malla vaut le coup d’œil. Quoi de plus normal, vu le cadre. Patan est la ville des artistes et des artisans. C’est là que rayonne l’art népalais. La population de Patan, principalement Newar (Patan est l’une des principales villes Newari), travaille dans l’artisanat et l’industrie traditionnelle. On y trouve donc de nombreux petits ateliers, disséminés dans la ville.
Durbar Square, c’est une plongée dans une véritable œuvre d’art. Mais on peut en dire autant de toute la ville. Et quand nos yeux se posent sur toutes ces merveilles, on comprend aisément pourquoi cette cité a pu être un tel centre culturel et spirituel…
Patan, belle Patan…
Patan est une ville divine, dans tous les sens du terme. Divine par son rayonnement culturel et spirituel, divine également par sa beauté. Cette ville, posée dans une vallée splendide, au pays des superlatifs. Ville aux mille toits dorés, millénaire et envoûtante…
Stéphane King-Le Peillet la raconte avec d’autant plus de passion qu’il s’y est arrêté. Mais Patan n’est pas la seule splendeur que recèle le Népal. Avec La Marche Céleste, l’auteur à la gouaille savoureuse nous emmène dans la Maison des Neiges, l’Himalaya. Préparez-vous à en prendre plein les yeux et plein le cœur. Qu’attendre d’autre, après tout, quand on tutoie les cieux ?
Sources :
5 raisons qui vous pousseront à visiter Patan, Trésors du monde.fr
Le charme de Patan, Trotte le Monde.fr
ASTIER, A. Petite histoire de l’Inde, Eyrolles, Paris, 2007
BLOCH, J. Les inscriptions d’Asoka, traduites et commentées par Jules Bloch, les Belles Lettres, Paris, 1950