Le Mont Tanigawa : mortelles randonnées

Alors, Soen s’était rendu jusqu’au mont Tanigawa, et avait dressé une large barrière spirituelle, conformément à la demande du yōkai. Grâce à celle-ci, les petits démons pourraient se réfugier sur la montagne de la mort sans crainte d’être dérangés par un « exorciste » éventuel.

Soen – Le Cycle du Mal. Partie 2.

Le Mont Tanigawa, au Japon, est un lieu primordial dans Soen – Le Cycle du Mal. C’est là que Samboutsu, le jeune tasha itinérant vit, reclus, entouré de Yokai. Lucille Cottin en fait le paradis des démons japonais. Et quand on se penche sur cette montagne, surnommée la “montagne du diable”, on comprend vite pourquoi. Accrochez-vous et gare où vous mettez les pieds, on part ensemble pour une randonnée dangereuse à réserver aux plus téméraires des casse-cous.

Vue de la montagne Tanigawa
Crédit Photo : Brian Adler

Tanigawa, 1 977 mètres de majesté

Le mont Tanigawa, ou Tanigawa-Dake, est une montagne qui se situe à la limite de la préfecture de Gunma dans le Kanto et de Niigata, dans le Nord du Honshu. Elle se trouve, géographiquement, dans le centre de l’archipel nippon. Située dans le parc national Joshinetsu, la montagne, avec sa crête, divise le pays en deux. Le Pacifique au Sud, et la Mer du Japon au Nord. Deux systèmes météorologiques s’y rencontrent. Il en résulte un climat particulièrement rigoureux, qui règne en maître sur la montagne.

En effet, les bouleversement climatiques sont légion sur le sommet de Tanigawa. Par ailleurs, l’hiver, la montagne devient quasiment impraticable, avec ses chutes de neige gargantuesques, et ses avalanches à répétition. Il est extrêmement difficile de gravir le mont Tanigawa, sa difficulté étant évaluée à 4 sur 5. Pourtant, elle reste un lieu prisé des skieurs et des randonneurs.

Ce n'est pas une photo de Tanigawa, mais vous pouvez vous faire une idée du paysage en Automne avec cette photo.
Crédit photo : Kanenori

Tanigawa est l’une des cent montagnes les plus célèbres du Japon. Il faut dire que la montagne a de quoi attirer du monde dans son giron. Jugez plutôt : on y trouve l’une des plus grandes parois rocheuses de l’archipel nippon, de quoi ravir les amateurs de sensations fortes. Mais également des paysages de toute beauté, grâce à une flore dense. Imaginez-vous un instant le printemps à Tanigawa, alors que la neige fond, et qu’elle est remplacés par des explosions de cerisiers en fleurs. Et l’automne, la montagne se pare de feuillages épais et colorés. Du rouge, du brun, de l’orangé à perte de vue… Un spectacle magnifique.

La Beauté du Diable

Tanigawa a beau être d’une beauté sans égale, méfiez-vous. Car c’est surtout une montagne mortelle et incroyablement avide en vies humaines. En effet, avec ses 1 977 mètres d’altitude, elle a beau être bien plus petite que l’Everest, la montagne Tanigawa est bien plus meurtrière que le toit du monde. À une période comparable, entre 1930 et 2015, Tanigawa a réclamé quatre fois plus de vies que l’Everest (805 morts, contre 200). La “Montagne de la Mort”, la”Montagne du Diable”, ces surnoms ne sont pas usurpés. Tanigawa est un mont dont l’ascension est extrêmement difficile. Même ses sentiers de randonnée les plus indulgents ont coûté la vie à des randonneurs amateurs.

Il faut dire que le terrain est extrêmement traître. Nous vous parlions plus haut des avalanches. Mais ce n’est pas le seul danger lié à la neige. En hiver, il arrive que des corniches de neige s’étendent jusqu’à 20 mètres au-delà du bord d’une crête, trompant les imprudents qui pensent mettre le pied sur du sol ferme.

Mais la neige n’est pas l’unique traitresse sur Tanigawa. L’automne, le feuillage coloré est si épais qu’il devient difficile de s’y repérer. Aussi est-il facile pour les randonneurs de se perdre dans cette montagne où il vaut mieux éviter d’errer sans but. Climat instable, chausse-trappes mortelles, Tanigawa est une montagne qui ne pardonne pas l’imprudence et qui la fait payer très cher. Et tout comme l’Everest, elle n’est pas du genre à lâcher sa prise sur ses victimes…

L’opération de sauvetage la plus déplorable de l’histoire de l’alpinisme japonais.

Vous le savez probablement, mais l’Everest est un cimetière à ciel ouvert. Les alpinistes qui périssent dans ses hauteurs y restent littéralement. Et il n’est pas rare que les corps, quasiment impossibles à récupérer, y soient utilisés comme de macabres repères. Ainsi, les alpinistes connaissent Green Boots, le tristement célèbre défunt qui repose à plus de 8 460 mètres d’altitude sur la voie d’accès Nord. Le gel, et les conditions d’accès difficiles constituent autant d’écueils qui empêchent le rapatriement des corps. L’histoire que nous allons vous conter est macabre, mais illustre assez bien la cruauté du mont Tanigawa. Laissez-nous vous parler de la fois où le Mont Tanigawa a refusé de libérer ses victimes.

Corps des deux alpinistes suspendus dans le vide, 1960.
Crédit photo : Asahi Shimbun

Nous sommes en septembre 1960, quand le centre de secours de Tanigawa reçoit un message de détresse. Les secouristes se précipitent sur les lieux et découvrent un spectacle macabre : deux alpinistes suspendus au-dessus du vide. Après avoir observé avec des jumelles le duo sinistre, les secours arrivent à la terrible conclusion que les deux jeunes alpinistes ont perdu la vie. Il faut récupérer les corps. Problème, ils se trouvent dans une zone particulièrement dangereuse, sur un pic qui n’a alors été gravi qu’une seule fois. On pense à divers stratagèmes, tous voués à l’échec. Les autorités décidèrent alors d’une solution radicale.

Avec l’accord des familles, les autorités font appel à une équipe de… tireurs de la Force d’élite terrestre d’autodéfense. Leur objectif ? Sectionner les cordes en tirant dessus. Les familles des victimes et la presse assistèrent à l’événement. Pendant deux heures, les militaires tirèrent des coups de feu sans parvenir à toucher leur cible. C’est après plus de 1 300 tirs qu’ils parvinrent finalement à rompre la corde qui emprisonnait les malheureux. Cette opération fut largement critiquée par le public et les médias.

Conclusion

Dans l’interview qu’elle nous a accordé dans notre Podcast Lire Plus Loin, Lucille Cottin nous expliquait qu’elle faisait des recherches très poussées quand elle écrivait. Nul doute que ce n’est pas un hasard, si elle a choisi de faire de Tanigawa le berceau des Yokai dans Soen. La montagne apparait dans le roman comme un endroit où tout peut arriver. On peut y croiser des créatures imprévisibles et effrayantes. Quelque part, on pourrait presque croire que tous ces yokai, farceurs jusqu’à en être mortellement dangereux constituent l’esprit de la montagne.

Le voyage initiatique de Soen ne fait que débuter ! Suivez la suite des aventures de ce héros peu ordinaire dans Soen : le Cycle du Mal – Partie 2, de Lucille Cottin, disponible dans notre catalogue !

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Sources :

lvltravels.com “Tanigawa, l’Everest de l’Est

japan.travel.com “Mont Tanigawa

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