Marseille, arrivée à bon port
Les empilements rocheux du Frioul masquaient presque totalement la cité pour le moment. Ne se distinguaient que le blanc perlé des villas sur les collines et, enfiché au premier plan, la découpe romano byzantine de Notre Dame de la Garde. Étrange d’ailleurs que cette omniprésente perspective chrétienne depuis la position actuelle du navire. Sous cet angle, on aurait presque pu penser qu’Ils avaient aposté la Bonne Mère sur ce promontoire précis, non pour protéger marins et pêcheurs, mais bien pour surveiller la ville basse pile en dessous…
Massilia vs les Marmars, de Wictorien Allende
Marseille, la plus importante ville du midi. Marseille, la deuxième commune de France. C’est l’éternelle rivale de Paris, dans la vie comme aux stades. Mais Marseille, c’est également la plus ancienne métropole de France. La ville, fondée en -600 av J-C par des colons grecs venus de la cité de Phocée, est au centre de Massilia vs les Marmars de Wictorien Allende. Plus qu’une toile de fond, c’est un personnage à part entière, une ogresse à la beauté envoûtante qui se nourrit de marins et de leurs rêves.
La cité Phocéenne a des apparences multiples. Entre douceur de la vie provençale et terreau protestataire fort, entre beautés architecturales et quartiers laissés en friche, témoins d’un taux d’inégalité parmi les plus élevés (avec un coefficient de Gini de 0,436). Entre clichés pastis-bouillabaisse-sardine qui bloque le port et idées reçues sur la délinquance (alors que d’autres villes, comme Nice, connaissent, proportionnellement, des taux de criminalité plus élevés), Marseille est une ville complète, entière, et nous vous proposons de nous y balader le temps de cet article.
Bienvenue à Marseille
Marseille est le chef-lieu du département des Bouches du Rhône. Elle accueille également le siège de la métropole Aix-Marseille-Provence. Cette ville est à la fois la plus grande du midi de la France, nous le disions plus tôt, mais également la plus importante cité occitane et de l’aire linguistique de la lange d’Oc. Fondée par des colons grecs venus de Phocée en Asie Mineure (la Turquie d’aujourd’hui), la ville s’ouvre sur la méditerranée grâce à son Port, son principal atout.
Les Calanques, l’archipel du Frioul, le célèbre Château d’If, le Vieux-Port et la Canebière… Marseille, cité aux 111 quartiers, regorge de lieux aux noms évocateurs. Entre le soleil, l’architecture et l’histoire de la ville, il n’est pas étonnant de constater que celle-ci attire les touristes. Ceux-ci se perdent allègrement dans les rues du pittoresque quartier du Panier, ou se rendent obligatoirement à Notre-Dame de la Garde, basilique posée au sommet d’une colline et offrant une vue vertigineuse sur la ville en contrebas et sur la mer Méditerranée.
Les amateurs de football et de sport ne manqueront pas de faire un pèlerinage au Vélodrome. Marseille est tout de même la ville dans laquelle est né Zinédine Zidane, Éric Cantona et le tennisman Sébastien Grosjean. Et puisqu’on parle de personnalités nées à Marseille, citons Euthymènes le Massiliote (Ve siècle av. J-C) auteur du Périple de la Mer Extérieure, Camille Allard ou Alphonse Fondère. Parmi les écrivains marseillais illustres, citons Antonin Artaud et Edmond Rostand.
Voir, goûter, s’émerveiller
Avec 111 quartiers, il y a de quoi voir à Marseille. La vie culturelle de la ville est très foisonnante. Ainsi, le quartier du Panier fait figure de musée à ciel ouvert. Le fort de Saint-Jean, la Cathédrale de la Major, le phare du Planier… les monuments ne manquent pas dans la cité Phocéenne. Les amoureux d’architecture pourront donc s’en donner à cœur joie en visitant, appareil photo au poing, une ville qui a de belles choses à montrer.
Mais Marseille, c’est bien plus que des pierres et du béton. C’est une ville aux traditions charmantes, qui appuient parfaitement son identité du midi. On ne vous parlera pas du parler marseillais, de son accent chantant. Nous préférons plutôt mettre l’accent sur l’indétrônable Savon de Marseille, fabriqué dans l’une des quatre savonneries de la ville. Qui dit Provence dit santons, ces petites figurines folkloriques à base d’argile. Chaque année, du dernier dimanche de novembre au 31 décembre se tient la Foire aux Santons, dont les origines remontent au lendemain de la Révolution Française. Bien entendu, n’oublions pas le sport marseillais par excellence : la Pétanque.
Enfin, on ne fait pas un tour de ville sans s’intéresser à ses spécialités culinaires. Et si vous avez probablement en tête l’incontournable bouillabaisse, savoureux plat de poissons, on trouve de nombreux autres délices dans les cuisines marseillaises. Les navettes, ces biscuits secs qui remplacent les crêpes de la Chandeleur, les panisses à base de farine de pois-chiches et l’aïoli feront éclater les saveurs. Enfin, pour un apéro paisible, le pastis (à consommer avec modération) qui ravira les amateurs d’anisés.
Mais tout ne luit pas sous le soleil.
Mais vous vous doutez bien que tout n’est pas toujours rose à Marseille. La ville, nous le disions, est très inégalitaire. Le revenu des 20% de citoyens les plus riches est 5,4 fois supérieur aux revenus des 20% les plus pauvres. Le sociologue André Donzel parle d’une métropole duale. De fait, des tensions surviennent. On trouve à Marseille des environnements enchanteurs, mais aussi des endroits insalubres, comme le tristement célèbre Parc Corot, cité désignée par certains comme le “pire endroit à Marseille” et évacué en 2018.
La forte présence de la délinquance marseillaise dans les médias nationaux a beaucoup porté atteinte à l’image de la ville. Cela fait débat. Cependant, il est vrai qu’en 2012, le gouvernement a doté les Bouches du Rhône d’une préfecture de police de plein exercice, la seule de France avec Paris.
L’imaginaire criminel de Marseille reste imprégné par la French Connection des années 1960 et par une galerie de figures du grand banditisme aux noms célèbres, à l’image de Francis le Belge, parrain du milieu décédé à Paris en 2000, ou encore l’empereur de la nuit, Tany Zampa, mort en 1986. Ajoutons à cela l’instabilité de certains quartiers pauvres, et on obtient une image de la ville qui peut amener à en effrayer.
Conclusion
Marseille, comme toutes les villes du monde, a plusieurs visages. Accueillant, inquiétant. Entre la jolie ville typique du sud de la France et la mégalopole étourdissante. L’identité de Marseille, c’est toutes les identités en quelques sortes. Cette ville, portuaire, et donc de passage, est l’image même du brassage de vies. On y vient de partout, on se mêle les uns aux autres. Les riches et les pauvres, les enfants des nombreuses immigrations qu’a connues la ville en 2600 ans d’Histoire…
Marseille, en un sens, c’est un peu comme un navire géant. On y rencontre des gens de tous horizons, avec des chemins différents, des idées qui leurs sont propres. Marseille est une ville multiculturelle. Fred, le cuisinier africain de Massilia vs les Marmars, pourrait désigner avec tendresse la cité phocéenne comme une “ville-benetton”, à l’image de l’équipage de son bateau.
Maintenant que nous vous avons présenté Marseille, le personnage principal de Massilia vs les Marmars, de Wictorien Allende, que diriez-vous de découvrir cette nouvelle ?
Sources :
Marseille.fr site officiel de la Ville de Marseille
marseille-tourisme.com site de l’office du tourisme de Marseille.
H.VAUDOIT, Marseille, Capitale de la Pauvreté, La Provence, 2015
L.LEROUX, Plongée dans la cité du Parc Corot, le “pire lieu de Marseille”, Le Monde, 2018
F.FRANGEUIL et A.ACCO, Le trompe-l’œil de la criminalité marseillaise, Europe 1, 2013
“Marseille-bashing” : “La Provence” répond au “Figaro”, Télérama, 2013