Livre papier, livre numérique, lequel est le meilleur ?

Aucun. À bientôt pour un prochain article !

Bon, on va peut-être développer un peu plus. Cet article vise à réfléchir sur la fausse rivalité entre livre papier et livre numérique. Finalement, il s’agit d’un débat sans fin, qui n’a pas seulement secoué le monde du livre. Le physique vs le numérique est par exemple central dans le monde du jeu vidéo, depuis l’émergence du dématérialisé. La création de services dédiés au jeu numérique (par exemple la plateforme Steam de Valve avec ses soldes fréquentes) a amené de plus en plus de joueurs à laisser tomber l’achat de CDs pour privilégier les clés numériques.

Le débat se retrouve aussi chez les cinéphiles, à l’heure de Netflix, Amazon Prime ou OCS. Pourquoi acheter des DVD et Blurays quand on peut avoir accès à une cinémathèque proposant moult classiques, et des exclusivités alléchantes pour le prix d’un simple abonnement ?

La musique aussi connaît sa révolution numérique, avec des plateformes comme Spotify ou Deezer, mais surtout l’avènement du MP3. À quoi bon s’acheter un CD audio, quand on peut avoir des albums entiers à consulter, ou à télécharger ?

Oui, mais l’odeur du papier !

Le livre, de toute évidence, devait également connaître une métamorphose en se dématérialisant. Pourtant, on constate très souvent une certaine réticence auprès du grand public. Face au livre papier, le livre numérique est perçu comme “moins noble”. On suppose que, contrairement au livre papier, le livre numérique n’a pas cette aura, propre à son homologue papier.

On peut même avoir des livres papier ET une liseuse. Fou, non ?
Crédit photo : Capucine Perfecto

En tant qu’éditeur numérique, on est forcément confronté à ce rejet du livre numérique. L’ebook, ce n’est pas un “vrai livre”, aux yeux de nombreux lecteurs. Et nombre d’auteurs qui publient strictement en numérique ont dû essuyer de la part de leurs amis, lorsqu’ils annoncent la sortie de leur ouvrage, cette remarque : “C’est dommage, je l’achèterai quand il sera en version papier” (rassurez-vous, amis auteurs, dans 90% des cas, c’est faux, on parle par expérience).

Lorsqu’on demande pourquoi le livre papier serait meilleur que le numérique, la réponse qui revient souvent est que “J’aime lire sur papier, car j’aime sentir le livre”. Et au-delà de la caricature, cette phrase est très révélatrice.

L’odeur du papier, quand même, oh !

Qu’est-ce qu’un livre ? En voilà, une vaste question. Est-ce l’objet, est-ce ce qu’il contient ? Un vieux parchemin est-il un livre ? Un site web est-il un livre ? C’est dans cette question que repose, selon nous, le nœud du problème.

Pour certains, ce qui fait le livre, c’est ce qui y est inscrit. Les idées, les récits, les informations. Peu importe le support. Au final, ce qui compte, c’est que l’information soit transmise. Si Proust avait écrit “À la Recherche du Temps Perdu” sur un (très, très long) mur, aurait-ce été un livre ?

On pourrait arguer, à cette vision des choses, que livre et texte ne sont pas la même chose. Qu’un livre est la combinaison entre le contenu (le texte) et le contenant (l’objet).

Ça, ce sont les autres. Plus matérialistes (mais pas dans le mauvais sens du terme), qui considèrent qu’un vrai livre, ça a des pages qui se tournent. Ces personnes ont un rapport plus “sensuel” à la lecture. Ils ont besoin de sentir le “poids” du bouquin, de sentir qu’ils ont quelque chose entre les mains. Le geste de tourner les pages fait partie de l’expérience de lecture.

Il faut avouer qu'une bibliothèque remplie de livres, ça force le respect !
Crédit Photo : Free Photos

Là, on pourrait arguer que cette conception matérialiste reste secondaire. On se moque bien que le livre soit en poche ou en grand format, que la couverture soit rigide ou souple. Est-ce à la couverture qu’on juge un livre ? Dans ce cas, qu’est-ce qui empêche une liseuse d’être un “vrai” livre ?

Vous avez déjà reniflé une liseuse, vous ?

Si on compare crûment le livre numérique et l’ebook, soyons sincères, même si ça fait mal, on ne peut que faire un constat. L’ebook est plus pratique que le livre papier. Si, si ! Et ce n’est pas un révélation, ni un argument commercial ou quoi que ce soit. L’ebook est apparu bien plus tard que le livre papier. Les concepteurs de l’ebook ont déjà lu des livres papier, et se sont probablement demandé, en concevant la liseuse “Qu’est-ce qu’on pourrait ajouter à notre machine pour améliorer le confort de lecture” ?

Mais n’allez pas croire que parce que c’est plus pratique, cela signifie que le livre papier est obsolète. Tout dépend de la sensibilité des personnes, au fond. C’est un peu comme le cheval contre la voiture. Dans les faits, conduire une voiture est plus pratique que chevaucher. C’est plus rapide, ça demande moins d’entretien, la voiture est quasiment infatigable.

Et pourtant, on n’entretient pas les mêmes liens qu’avec un cheval. On ne partage pas cette relation de respect mutuel avec sa voiture. On n’a pas la même attache. Perdre sa voiture dévaste moins que perdre son cheval.

Le livre papier est profondément ancré dans nos habitudes, et on est arrivé à avoir un rapport affectueux avec nos livres physiques. Quand bien même ils sont de facto moins confortables à lire qu’un ebook, on les aime, et on imagine difficilement partager le même lien avec une liseuse qui, à nos yeux, reste une machine.

Et l’odeur du papier, dans tout ça ?

Le livre numérique est bien plus pratique que le livre papier (dont le seul avantage “usuel” est finalement d’être un bel objet). Quiconque a passé le cap de la liseuse vous le dira. Lire en numérique permet déjà de puiser dans le vivier infini des auteurs auto-édités et des éditeurs modestes. Les ebooks règlent également le problème de la place. Une liseuse peut contenir toute votre bibliothèque.

Le livre numérique favorise une pratique nomade de la lecture.
Crédit photo : Capucine Perfecto

D’ailleurs, vous pouvez voyager avec toute votre bibliothèque, grâce au numérique. Enfin, les livres numériques sont moins chers à l’achat (en théorie, car il est vrai qu’on a vu des ebooks à des tarifs assez élevés qui nous ont laissé circonspects).

Ils sont moins chers à l’achat, car ils sont moins chers à produire. Et ils permettent aux éditeurs de mieux rémunérer leurs auteurs, en leur octroyant un pourcentage de droits d’auteurs plus élevé que dans l’édition classique (les livres papier ont un coût que l’éditeur est seul à supporter, se qui se répercute dans la rémunération de l’auteur et de l’éditeur). De fait, le numérique, parce que peu onéreux, permet de démocratiser l’accès à toutes les littératures.

Cela signifie que le numérique permet d’acheter le meilleur (des auteurs audacieux qui ne rentrent dans aucune case marketing, des genres oubliés des éditeurs classiques car considérés comme non-rentables à l’image des recueils de poèmes par exemple), comme le pire (deux mots : Dinosaur Erotica).

Conclusion

Dans l’avenir, on pourrait imaginer que le livre papier deviendrait “un produit de luxe”. Car en ce qui concerne les beaux-livres, nous pensons que le numérique n’arrivera jamais à la cheville du papier. On n’offre pas un ebook, après tout. On offre des bouquins papiers. Car c’est un bel objet. Comme le disait Bernard Pivot, “Offrez des livres, ils s’ouvrent comme des boîtes de chocolat, et se referment comme des coffres à bijoux”.

En tant qu’éditeurs de livres numériques, nous croyons que l’ebook constitue une évolution du livre, mais nous ne croyons pas une seule seconde que l’ebook remplacera le livre au format papier.

Savoir quel est le meilleur entre livre papier et numérique est stérile. Rejeter l’un comme l’autre n’a aucun sens. Parce que, finalement, qu’il soit numérique ou physique, un livre reste un livre. Et, nous sommes tous d’accord, on aime tous les livres.

Dans le prochain article, nous allons vous parler de l’éditeur ! Acteur important du livre, ou vampire qui se nourrit des revenus et de la créativité des auteurs ? (pour tout vous dire, on a vérifié, le miroir reflète notre image, et nous n’avons pas noté la présence de canines pointues dans notre dentition)

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