Le Monde, ce Vaste Terrain de Jeu, de Stéphanie de Roguin

Je me revois dans mille souvenirs de voyage où j’ai dormi à même le sol, mangé dans des gargotes, oublié de dormir, roulé des heures sur des routes cahoteuses, trop bu, eu la tourista, sans ressentir un dixième de mon mal-être actuel. Il ne s’agit à mon sens pas d’un virus exotique : d’un coup, je n’ai plus supporté ni les longues heures d’avion, ni le manque de sommeil, ni la clim’ omniprésente qui a donné naissance à une méchante toux, comme si on avait appuyé sur un bouton on/off.

D’un coup, je ne supporte plus.

Le Monde, ce vaste terrain de jeu, de Stéphanie de Roguin

Voyager : à tout prix ?

Stéphanie de Roguin ne s’est pas privée d’explorer le monde ces quinze dernières années. Mais lors d’un voyage en Indonésie en 2018, pourtant magnifique, riche en expériences et en paysages, elle se sent mal.

Les foules de touristes s’agglutinant sur les sites, à l’aéroport, dans les villes, la rebutent. La plupart d’entre eux n’ont pas l’air de savoir ce qu’ils font là, consommant du voyage comme on va se divertir au cinéma. Et ce qui la dérange le plus, c’est qu’en dépit son esprit critique et aventureux, qui la mène hors des sentiers battus, elle reste une touriste parmi d’autres.

À l’heure de l’urgence climatique, n’est-il pas pertinent de s’interroger sur notre rapport au voyage ? Le monde reste-t-il un vaste terrain de jeu ?

Si le voyage est vecteur de rêves et d’émotions diverses, cette pratique, si courante aujourd’hui, n’est pas sans poser de questions. Pourquoi, au juste, voyager ? Visiter des cartes postales ? Voir le monde en coup de vent ?

Stéphanie de Roguin, l’autrice de Le Monde, ce Vaste Terrain de Jeu est une voyageuse chevronnée. Alors qu’elle effectue un voyage, elle est prise d’un malaise soudain. Maladie tropicale, ou manifestation psychosomatique d’une prise de conscience soudaine de la condition du voyageur ?

Le Monde, ce Vaste Terrain de Jeu est un récit de voyage atypique dans la thématique qu’il aborde. Le dépaysement est au rendez-vous, dans ce récit avec des destinations de rêve comme Java, Bali, le Mont Bromo… mais c’est avant tout le questionnement de Stéphanie de Roguin, qui interpelle.

Entre son engagement écologique et peut-être une forme de lassitude, le mal-être ressenti par l’autrice au cours de son périple se caractérise par des symptômes violents. Un peu comme si ce voyage se retrouvait dépouillé de toute dimension de plaisir. Il ne reste alors que l’instant présent, que l’on subit parfois plus qu’on le vit.

C’est notre rapport au voyage qui est questionné dans ce récit. Stéphanie de Roguin soulève la problématique de l’impact écologique de l’économie du voyage. Une question qui trouve son sens dans un secteur en constante mutation. Et cela, sans suffisance, l’autrice étant consciente d’en avoir fait partie intégrante.

Le Monde, ce Vaste Terrain de Jeu est un récit de voyage qui pose une réelle réflexion sur notre pratique du voyage. Les récits de voyage sont souvent des retours d’expérience. Mais ce livre va bien au-delà. Il s’agit d’un récit qui parle de la fin d’une pratique du voyage, tout en amorçant des alternatives. Slow Tourism, marche itinérante, peut-être existe-t-il d’autres façons de découvrir le monde. La réflexion est ouverte…

Le Monde, ce Vaste Terrain de Jeu, de Stéphanie de Roguin, est disponible dans notre catalogue.

Couverture Le Monde, ce Vaste Terrain de Jeu, de Stéphanie de Roguin
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