[interview] Hugo Lebracq par Lucille Cottin
1/ Bonjour Lucille Cottin. Pouvez-vous nous parler des Carnets de Bord du Capitaine Hugo Lebracq ?
Les Carnets de bord du Capitaine Hugo Lebracq est une vaste pérégrination, voire une fantaisie littéraire. Hugo et son équipage (composé principalement d’Apolline, alias Barberine, et du jeune Louis) naviguent de rencontre en réflexion au sein de la littérature. Parmi ses rencontres, Arthur Rimbaud et Paul Verlaine (Peine). Mais Lebracq apercevra également Oscar Wilde, échangera de profondes pensées avec Albert Einstein (en réponse à son livre Comment je vois le monde, que je vous recommande vivement), ou voguera sur des restes de paroles de Nino Ferrer et Gérard Manset.
Oscar Wilde Albert Einstein
Il s’agit là d’un vaste programme. D’ailleurs, Hugo est lui-même un enfant de la littérature, une subtile référence à Victor Hugo et Yves Lebrac, le personnage de Franquin.
2/ Quelle est la genèse de l’œuvre ?
Ces carnets constituent une première étape (l’œuvre s’inscrit dans une trilogie) et reflètent la mise au monde d’un écrivain. Hugo s’interroge : comment écrire, à qui parler ? Comment agir, puisqu’il n’existe plus aujourd’hui de salons littéraires ni de mécènes ? Comment s’exprimer auprès d’un public abstrait ? Comment se vider de toutes ces images qui nous hantent ?
L’écriture adoptée est proche de l’écriture automatique telle que prônée par André Breton, pour mieux représenter le cheminement de la pensée. Il s’agit donc d’une forme de poésie en prose, dans l’idée du superbe Gaspard de la nuit de Bertrand (pour ne citer que lui, mais on pourrait également citer les œuvres de Baudelaire, qui n’ont rien à lui envier).
3/ Pourquoi avoir fait de Hugo Lebracq un capitaine ?
C’est sans doute parce que je voulais lui donner un petit côté Corto Maltese, un aspect insaisissable. Ainsi, Hugo avance, navigue, erre, et ne s’arrête jamais, à l’instar de nos pensées. Hugo est un écrivain voyageur. Donc, s’arrêter, pour lui, reviendrait à mourir.
4/ C’est un roman qui est bardé de références. S’agit-il surtout d’un voyage dans votre paysage culturel ?
Oui, forcément, puisque nous ne pouvons parler que de choses que nous connaissons. Cependant, l’objectif n’est pas de faire un étalage narcissique de connaissances, ou un catalogue de références culturelles. Les rencontres d’Hugo viennent alimenter son voyage et ses réflexions. Par ailleurs, Elles contribuent également à développer un univers onirique, dont Hugo est le prisonnier.
5/ Que voulez-vous que les lecteurs retirent de la lecture des Carnets de Bord d’Hugo Lebracq ?
Ce n’est pas à moi de dire ce que les gens doivent penser… J’espère qu’ils en tireront de la satisfaction, et que ces carnets leur auront permis de voyager loin de leur réalité.