La fugue dissociative, ou quand le voyage devient symptôme.

Sur la Route vers Nulle Part, de Fanny Crubellier, est un court récit qui relate l’errance d’une femme qui, soudain, dévie de son trajet vers le travail pour fuir. Pour aller où ? Elle-même ne le sait pas.

Elle est médecin. Et alors que le récit débute, elle évoque deux mots : fugue dissociative. Mais qu’est-ce ?

Je me sens anormale. Des termes appris en cours refont surface : « errance », « voyage pathologique », « fugue dissociative ». Qu’est-ce que je fais là ?

Sur la Route vers Nulle Part, de Fanny Crubellier

Il est important avant tout de savoir que plusieurs troubles psychiatriques sont liés au voyage. On citera ainsi le syndrome du voyageur, qui survient chez certains touristes lorsqu’ils se retrouvent à l’étranger. Parmi les cas les plus notoires, le syndrome de Stendhal (ou syndrome de Florence) lié à l’exposition à une surabondance d’œuvres artistiques, ou encore, le fameux syndrome de Paris, touchant principalement les touristes japonais déçus que la ville-lumière ne soit pas à la hauteur de leurs attentes.

Autre trouble : le voyage pathologique. Ici, le patient effectue un voyage pour des motivations purement psychopathologiques. Selon les cas, le voyage peut être poussé par l’envie de fuir un complot imaginaire, d’accomplir une mission ou encore être motivé par des voix. Nous avons un exemple de voyage pathologique très célèbre dans le Don Quichotte de Cervantes.

Enfin, et c’est le thème principal de notre article, vient la fugue dissociative.

La fugue dissociative fait partie des troubles dissociatifs répertoriés dans le DSM-IV
Crédit photo : Johannes Plenio

La fugue dissociative est un trouble dissociatif répertorié sous le code 300.13 dans le DSM-IV, le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder) publié par l’American Psychiatric Association.

Un trouble dissociatif est une perturbation qui touche certaines fonctions comme la conscience, la mémoire, l’identité ou la perception de l’environnement. On dénombre cinq troubles dissociatifs, parmi lesquels la fugue dissociative.

Celle-ci se traduit par un départ soudain de son milieu de vie habituel. Par ailleurs, ce trouble peut s’accompagner d’amnésie, le patient pouvant ainsi oublier son identité ou en adopter une nouvelle. Le comportement d’une personne en fugue dissociative pourra paraître tout à fait normal à des observateurs tiers.

La fugue dissociative est un trouble rare, dont la durée varie entre quelques heures et quelques mois, voire plus. Ce trouble pourrait bien être le nouveau nom de la dromomanie (impulsion à se déplacer), affection psychiatrique décrite vers la fin du XIXe siècle avant d’être abandonnée au début du XXe et à laquelle, selon certains biographes, aurait été sujet Gérard de Nerval.

Couverture de Sur la Route vers Nulle Part, de Fanny Crubellier.
Cliquez sur l’image pour acheter

La cause du voyage entrepris par la protagoniste de Sur la Route vers Nulle Part, de Fanny Crubellier est-elle d’ordre pathologique ? Faites-vous donc votre avis en vous procurant ce récit subtil, disponible dans notre catalogue.

Sources :

psychomedia.qc.ca, Quels sont les troubles dissociatifs (selon le DSM-IV)

Stendhal, Rome, Naples et Florence, ed Delaunay, Paris, 1827.

Leave a Comment