Éditeur, qui es tu ?
À l’heure de la démocratisation de l’autoédition, on peut légitimement se poser la question de la pertinence de l’éditeur. À quoi sert-il de se faire éditer par un tiers, quand il existe tant de solutions permettant de le faire soi-même ? Que peut apporter un éditeur, si ce n’est des revenus amoindris ?
Nous sommes éditeurs et nous avons décidé de nous lancer dans un vaste chantier afin de vous parler de notre métier. Et comme nous ne ménageons pas notre peine, c’est pas moins de trois articles que nous dédierons à ce sujet. Pour ce premier article, nous commencerons par présenter le sujet !
Je suis Eddy Theur
Aux yeux de nombreux auteurs en herbe, l’éditeur est avant tout un communicant. Lorsque nous recevons des manuscrits, à plusieurs reprises, les auteurs nous indiquent que se tourner vers l’édition permet de combler leur lacune principale : la communication.
Si effectivement, la communication et la promotion des livres fait partie des attributions de l’éditeur, c’est grandement réduire son rôle que de s’arrêter à cela. Après tout, il existe des professionnels tout à fait qualifiés dont le métier est axé sur la communication. Un éditeur n’est pas seulement un attaché de presse.
Parfois, les messages que nous recevons nous demandent de donner des axes d’amélioration aux manuscrits de leur expéditeurs, même s’ils sont refusés. Et si effectivement, notre métier est de permettre l’amélioration des livres que nous publions, il serait réducteur de ne considérer l’éditeur que comme un consultant. Là encore, des relecteurs free-lance très qualifiés peuvent faire le travail avec énormément de talent.
La fabrication, alors ? L’éditeur sert à fabriquer le livre ? Oui. On se rapproche du métier d’éditeur. En fait, on en était proche dès les premières lignes de cette partie. Un éditeur, c’est un peu tout cela à la fois. Un éditeur, c’est le chef d’orchestre de la création d’un livre.
Eh, dis t’heure !
C’est bien beau de parler de chef d’orchestre, mais que nous chantons vous là ? Eh bien tout simplement qu’un éditeur, c’est un professionnel du livre qui porte plusieurs casquettes. Le rôle d’un éditeur, c’est de croire en votre livre et de mettre tous ses moyens en œuvre pour faire en sorte que votre ouvrage devienne une réalité tangible. Et cette mission englobe donc chacun des aspects évoqués plus haut et d’autres encore.
Lecteur de la première heure, critique, correcteur, fabricant, communicant… l’éditeur porte plusieurs casquettes (ça tient chaud à la tête et ça lui évite d’enfler) et accompagne l’auteur dans presque toutes les étapes de la vie de son livre.
L’éditeur est aussi celui qui “va au feu” et prend les risques pour l’auteur. Risques financiers déjà, car un auteur édité ne devrait pas débourser le moindre sou pour la publication de son livre. Mais c’est aussi l’éditeur qui est en ligne de mire dans le cas où le livre final présenterait des problèmes (liés à son écriture comme à sa fabrication). En effet, un mauvais livre porte préjudice aux auteurs et aux lecteurs. Et la responsabilité de tout désastre littéraire pointe vers l’éditeur (qui est celui qui fait les choix éditoriaux).
L’éditeur doit être garant, auprès des lecteurs, de la qualité des ouvrages qu’il édite. Et cet aspect là est primordial.
Edith, eure
Examinons de plus près l’éditeur, cet animal. Omnivore, l’éditeur se situe entre le marsupial (les poches sont pratiques pour ranger les manuscrits), et le chat (ronronne quand on lui gratte les joues et le menton).
Plus sérieusement, outre son humour douteux, l’éditeur est un professionnel du livre qui en maîtrise de nombreux aspects. Un éditeur a forcément une sensibilité d’auteur (certains le sont), sait mettre en forme un livre, dans le cas d’un éditeur de livres numériques, il doit suffisamment connaître l’informatique pour fabriquer un ebook qui ne bugue pas à chaque page, et on ne parle là que de l’aspect création.
Car un éditeur doit aussi connaître les enjeux entourant la propriété intellectuelle, être apte à communiquer, que ce soit avec l’auteur ou le reste du monde, avoir le sens du commerce (car fabriquer des livres c’est bien, les vendre, c’est pas mal non plus)… et tout cela multiplié par autant de livres publiés par un même éditeur.
À cela doivent s’ajouter d’autres compétences, diverses selon les ouvrages et les maisons d’édition. Exemple : chez l’Aquilon, nous avons choisi de publier des articles documentés sur des sujets présents dans les récits de nos auteurs. Cela signifie que nous avons une formation dans la rédaction web (et tout ce que cela comprend de normes SEO à connaître) et des compétences dans le travail de recherche, le fait de croiser plusieurs informations etc., qui viennent de nos racines d’historiens.
En d’autres termes, un éditeur fait littéralement tout.
L’Edit heurt
C’est bien beau tout cela. Mais les éditeurs ne sont-ils pas obsolètes ? Et puis, c’est bien beau tout ce laïus, mais il existe des mauvaises pratiques, on y reviendra dans le prochain article !
On peut aussi reprocher aux éditeurs d’être devenus des marketeux. En effet, il est naturel, pour une maison d’édition, de chercher à publier des best-sellers. Et pour cela, le plus simple reste de surfer sur une vague. C’est dommage, car du coup, cela ne favorise pas l’audace littéraire.
Mais là, nuançons. Les éditeurs sont peut-être devenus des communicants, car c’est ce qu’on attend d’eux. Et, étant sur un secteur de niche, nous sommes bien placés pour savoir à quel point il est difficile de proposer des ouvrages qui sortent des sentiers battus.
Conclusion
Au terme de cet article, nous avons essayé de présenter au maximum l’éditeur. Bien entendu, il y a encore des choses à dire sur ce professionnel du livre. Nous espérons que cet article vous aura permis d’avoir une meilleure conception de lui, et pourquoi pas, de susciter des vocations. Mais présenter l’éditeur ne suffit pas à expliquer quelle est son utilité réelle. C’est un sujet que nous explorerons dans la deuxième partie de ce dossier qui répondra à cette question qui nous brûle les lèvres : qu’apporte un éditeur au processus de fabrication d’un livre ?