Éditeur chez l’Aquilon, c’est comment ?
Dans les articles précédents, nous nous sommes évertués à essayer de vous présenter le travail de l’éditeur, mais aussi ses rapports avec les auteurs. Or, on s’est dit que cela vous intéresserait probablement d’avoir du concret, de savoir comment on travaille chez l’Aquilon. Dans ce dernier article de notre trilogie dédiée à l’éditeur, nous avons donc décidé de vous parler de nous !
Voyages, voyages…
L’Aquilon est une maison d’édition de récits de voyage. Nous publions quelques fictions, mais nous tendons de plus en plus à publier des récits de voyage. C’est notre ligne éditoriale, et c’est donc ce qui guide tous nos choix. Les manuscrits que nous acceptons, les couvertures que nous composons, les articles que nous rédigeons… tout doit pointer vers une idée de dépaysement.
Nous reviendrons dans un article prochain sur la raison pour laquelle nous avons décidé d’adopter cet axe. Mais il est important pour nous de mettre en avant cet aspect. L’Aquilon est avant tout la maison d’édition numérique du voyage, de la découverte, de l’ailleurs.
Nous sommes une structure minuscule. Si Gallimard est Jupiter, alors nous sommes un gros astéroïde ou un bout de la Lune. De fait, nous ne pouvons ouvrir la réception de manuscrits toute l’année, mais ponctuellement, au cours des appels à textes.
Au début de la chaîne…
Tout débute donc sur un appel à textes. On y appose une thématique qui correspond à nos besoins. Par exemple, notre dernier appel à textes concernait les récits de voyage uniquement. Pourquoi ? Car le premier appel à textes, qui était plus ouvert, a vu arriver dans notre boîte mail une déferlante de romans, de nouvelles, mais quasiment aucun récit de voyage, qui pourtant constituera le gros de notre catalogue.
Une fois les manuscrits reçus, ils sont traités par le comité de lecture, qui statue une première fois. Les textes qui ne respectent pas le sujet de l’appel à texte ou la ligne éditoriale de l’Aquilon sont éliminés d’office. Puis viennent les récits à l’écriture bancale. Enfin, les manuscrits qui passent ces mailles font l’objet d’un vote. Lorsque le comité de lecture ne parvient pas à se départager, le big boss de l’Aquilon – un tyran autoritaire – tranche.
Le souffle de l’Aquilon
Nous passons la phase de contact avec l’auteur, et les contrats, pour en arriver au gros du sujet : la relecture de l’œuvre. Il n’arrive que très rarement qu’un éditeur reçoive un manuscrit et le publie tel quel. Il y aura toujours des coquilles, toujours des erreurs, et toujours des imperfections dans tous les textes.
Afin de réduire leur nombre, nous effectuons deux phases de relecture, en collaboration avec les auteurs. Chez l’Aquilon, et chez plein d’autres éditeurs, on imagine, on considère que le récit n’appartient qu’à l’auteur. Et c’est donc à lui de faire des changements d’importance sur le texte. Nous autres, correcteurs, ne pouvons décider arbitrairement que tel ou tel personnage devrait se comporter de telle ou telle manière. Ou encore que l’auteur devrait utiliser une expression plutôt qu’une autre.
Nous ne corrigeons directement que les fautes, coquilles, et erreurs de syntaxe. Quand au reste, nous faisons des suggestions aux auteurs. Libre à eux de corriger ou non. Mais, on ne va pas vous mentir, en général, il vaut mieux suivre nos recommandations, car nous nous mettons à la place du lecteur, et nos remarques reflètent celles que les lecteurs pourront se faire à la lecture.
Cette partie du travail est un moment de dialogue avec l’auteur. C’est pourquoi nous soutenons qu’un travail d’édition est un travail de concertation. L’éditeur offre à l’auteur le regard neutre et constructif dont il a besoin, celui qui peut voir ce que l’auteur ne perçoit pas, car immergé dans son récit.
Livrer un livre
Une fois cette phase terminée, nous consultons les auteurs sur la couverture. Pendant ce temps, nous fabriquons le livre numérique. L’Aquilon est une maison d’édition qui fait du livre numérique exclusivement. Pourquoi ? Parce que nous y croyons, à ce support. Parce que le livre numérique s’accorde bien mieux avec le voyage. L’ebook, c’est l’ami des baroudeurs.
De fait, nous ne faisons pas de papier, et n’avons pas le projet de nous y mettre. Nous fabriquons donc le livre numérique de nos propres mains, le concevons nous-mêmes et une fois que nous nous sommes assurés qu’il est parfait, sans bug, nous le mettons en vente. De préférence, bien en amont de sa sortie. Pourquoi ? Parce que les précommandes ne sont pas négligeables. Elles permettent aux lecteurs de réserver leur livre bien avant sa sortie, et aux auteurs de pouvoir présenter leur bébé. Nous-mêmes communiquons sur le livre des mois avant qu’il ne sorte.
Autant en emporte l’Aquilon
Une des raisons qui poussent les auteurs à se tourner vers l’Aquilon, c’est que nous nous occupons pour eux de faire la communication autour de leurs ouvrages. Et il est vrai que faire parler de son livre est un travail long, fastidieux, aux résultats aléatoires. Hélas, ce n’est pas parce que vous êtes éditeur que vous allez forcément attirer plus l’attention.
L’Aquilon a été fondée par un ancien rédacteur de presse spécialisée dans le jeu vidéo. Loin d’être anecdotique, cette expérience est importante, car le jeu vidéo est le principal vendeur de “produits” culturels numériques. Acheter un jeu en dématérialisé est devenu habituel. Forcément, le livre numérique s’en rapproche. Et de fait, l’Aquilon use des pratiques qui ont cours dans le milieu vidéoludique, tout en l’adaptant à la littérature.
Communiqués de presse précis envoyés à des rédactions (avec plus ou moins de succès, soyons honnêtes), extraits diffusés, articles de fond dévoilant autant d’informations nécessaires que possible au lecteur avant d’acheter le livre, partenariats avec des sites de chroniques (via l’envoi de versions presse etc.), concours ponctuels avec lots à gagner…
Bref, tout un arsenal visant à faire en sorte que les œuvres de notre catalogue ne croupissent pas au fin fond des résultats de recherche sur internet. Quand on ajoute à cela les articles du site, vous comprendrez bien vite que la communication occupe une large partie du temps de travail de l’Aquilon.
En conclusion
Voilà qui conclut cette visite dans les cuisines de l’Aquilon. Vous l’aurez compris, éditer chez l’Aquilon, c’est énormément de travail, beaucoup de passion, des échanges avec les auteurs, avec les lecteurs (même si on aimerait pouvoir plus interagir avec vous, alors n’hésitez pas à nous parler).
Nous débutons encore, nous arrivons à notre première année d’existence. Notre parcours est semé d’embûches. Nous devons nous faire une place entre les gros éditeurs et les autoédités, et composer avec une solidarité pour les auteurs indépendants (qui se traduit par des initiatives remarquables et sympathiques) qui ne s’étend pas toujours aux éditeurs indépendants…
Mais vous savez, malgré tout ça, on aime faire des livres, et on continuera avec plaisir !